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XIX


L’espérance est une fleur délicate que le moindre souffle peut flétrir mais que le moindre rayon fait s’épanouir !

Robert se sentit renaître en constatant que la jeune fille semblait se ranimer. Son front était moins brûlant, sa respiration plus régulière, son pouls plus normal. Il tressaillit d’aise quand, faiblement, elle demanda à boire. Après qu’il eut mouillé ses lèvres de quelques gouttes d’eau, elle ouvrit les yeux, le reconnut et sourit vaguement. Peu à peu, elle éprouva un regain de vitalité. Elle parut se recueillir, faire provision de force et d’énergie pour quelques instants d’entretien suprême avec son fiancé, car elle savait venue l’heure solennelle du grand partement.

— Approche-toi, mon Robert, il me reste peu de force et pourtant, j’ai beaucoup à te dire avant de te quitter.

Il voulut l’interrompre, mais elle le prévint :

— Écoute, c’est fini, je m’en vais… Notre rêve était trop beau pour ici-bas ; Dieu le réalisera au ciel. Que sa volonté soit faite et non la nôtre. Je vais rejoindre maman et toutes deux nous t’attendrons quand Dieu t’appellera à lui. Au nom de mon amour, je t’ordonne de vivre. Tu pourras, délivrée de ta malheureuse compagne de chaîne, continuer le voyage et parvenir à Deerfield où nous avions rêvé de fonder un foyer.

Affaissé près d’elle, Robert sanglotait à cœur fendre. La moribonde reprit :

— Robert, mon bien-aimé, ne pleure pas ainsi, tu me fais mal… Tu as eu toute mon âme et c’est parce que j’ai eu, moi aussi, tout ton amour que je meurs en te bénissant, confiante que, en souve-