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nous plus d’attrempance et un état d’esprit détaché de prévention et d’estrif. Nous ne devons nous imboire que de l’intérêt de la Nouvelle-France. Telle est bien la teneur des instructions royales. Vous disiez, il y a un instant, Commandeur, que les Anglais étaient animés d’ententions pacifiques et seraient disposés à bannir d’Amérique les haines et contentions qui ensanglantent les vieux pays et à laisser les Européens batailler sur leur propre continent. Êtes-vous certain de ce que vous avancez ?

Ainsi interpelé, Nicolas Perrot rapproche son fauteuil et commence :-

— Depuis les grandes assises de la paix avec les tribus sauvages, il y a trois ans, j’ai beaucoup voyagé, j’ai vu beaucoup de la contrée et, si vous daignez m’attribuer un certain degré d’apercevance vous m’accorderez que j’ai beaucoup apprendre. Je me fais vieux et connais depuis plus de trente ans la guerre et ses horreurs. La guerre avec les sauvages est, entre toutes, la plus sanguinaire et la plus détestable. Or, je suis convaincu qu’il n’y aura de paix durable avec l’homme des bois que du jour où Français et Anglais enterreront eux-mêmes la hache de guerre.

— Mais cette paix est-elle bien possible ? interrompt Monsieur de la Colombière.

— J’arrive justement à la question. Je connais assez les colonies anglaises, depuis Baston jusqu’au Maryland. En temps de paix, je m’y rendais souvent interpréter les Abénaquis et autres peuplades dont je translate les idiomes. Tenez pour certain que les Bastonnais sont tout aussi désireux que nous de la paix et plus peut-être.

— Les Bastonnais, je veux bien, mais les Anglais d’Angleterre ?