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VIII


Il y a, dans l’histoire du continent américain, un phénomène ethnologique qui ne laisse pas d’intriguer et qui n’a pas été, que nous sachions, expliqué de façon bien satisfaisante.

N’est-il pas étrange que les peaux-rouges, pourtant fort nombreux à l’époque de la découverte, soient aujourd’hui presque complètement disparus ?

Pourtant, ils n’ont pas été absorbés ni assimilés, puisqu’ils ont toujours été tenus en marge des blancs et que le métissage ne fut jamais en faveur

Que les aborigènes aient survécu aux guerres intestines, aux rigueurs du climat, aux épidémies, aux superstitions, pour dépérir et s’éteindre lorsqu’ils furent en présence de conditions de vie plus faciles, semble-t-il, et plus favorables, voilà, certes, une énigme passionnante à laquelle on n’a apporté, comme solution, que des à peu près qui ont leurré ceux-là seulement qui, volontiers, prennent des vessies pour des lanternes.

Nous n’avons pas la prétention de suppléer à l’indigence des ethnographes et des historiens, mais nous croyons que, pour les esprits curieux de vérité, le ? reste posé.

Bien que prémuni du danger qu’il y a de conclure « post hoc ergo propter hoc », ne dirait-on pas que c’est la civilisation qui a, non pas transformé ou européanisé, mais supprimé ou fait disparaître le peau-rouge ?

Il y a peut-être plus de vrai — tout paradoxal que cela semble — que de boutade dans cette idée que la civilisation et la nature sont incompatibles !