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— Nous prendrons son astuce en défaut. Demain soir est la fête des aïeux ; la tribu s’assemble pour célébrer ses fastes guerriers. Il y aura grand sabbat jusqu’au matin. Tandis que nos bourreaux seront ainsi distraits de la routine ordinaire, nous nous embarquerons à la faveur de la nuit et avant que le gardien Montour nous ait recensés, le lendemain matin, nous serons hors d’atteinte, j’en réponds. Tout favorise notre projet : ces nuits de juillet sont sereines et la lune se couche tôt. Es-tu prête ?

— Je suis toujours prête et prête à tout tenter pour toi ou avec toi. Ton désir est ma loi. Je suis ta femme devant Dieu et, si c’est sa sainte volonté, je serai ta femme devant les hommes, dans l’église de Deerfield, bientôt…

Et éperdue d’amour, de bonheur entrevu et savouré en expectative, elle se jette dans ses bras et dépose sur son front un brûlant baiser.

— Et maintenant, ajoute Robert en se dégageant doucement, pas un mot à personne afin de ne pas compromettre le succès de l’entreprise, mais veillons sur nous-mêmes de façon à ne pas donner l’éveil et prions la Divine Providence de nous inspirer l’énergie qui animait Joseph et Marie dans la fuite en Égypte. Courage donc, mon Alice bien-aimée, sois forte et… à demain.

Après avoir échangé une dernière étreinte, ils se séparent pour se mêler à leurs compagnons de captivité dont le langage semble une plainte dolente et dont le regard inquiet fouille et scrute tout ce qu’il regarde pour y découvrir quelque augure.

Tout le jour, ces pauvres captifs, cherchent à tromper l’ennui, à occuper leurs bras ou leur esprit, à fatiguer leur corps afin de se procurer un sommeil qui les délivre momentanément de l’obses-