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MES SOUVENIRS


Aux premières loges : M. Antonin Proust, ministre des Beaux-Arts de France, avec le baron Beyens, ministre de Belgique à Paris ; le chef du cabinet et Mme  Frère-Orban, etc.

Dans l’avant-scène du rez-de-chaussée : M. Buis, qui venait d’être nommé bourgmestre, et les échevins. Aux fauteuils, au balcon, de nombreuses personnalités parisiennes : les compositeurs Reyer, Saint-Saëns, Benjamin Godard, Joncières, Guiraud, Serpette, Duvernois, Julien Porchet, Wormser, Le Borne, Lecocq, etc., etc.

Cette salle brillante, frémissante, disent les chroniqueurs d’alors, fit à l’œuvre un succès délirant. Entre le deuxième et le troisième acte, la reine Marie-Henriette fit venir dans sa loge le compositeur, qu’elle félicita chaleureusement, et Reyer, de qui la Monnaie venait de reprendre la Statue.

L’enthousiasme alla crescendo jusqu’à la fin de la soirée. Le dernier acte se termina dans les acclamations. On appela le compositeur en scène à grands cris, le rideau se releva plusieurs fois, mais « l’auteur » ne parut point ; et comme le public ne voulait pas quitter le théâtre, le régisseur général, Lapissida, qui avait mis l’œuvre en scène, dut enfin venir annoncer que « l’auteur » avait quitté le théâtre au moment où se terminait la représentation.

Deux jours après la première, le compositeur était invité à dîner à la cour, et un arrêté royal paraissait au Moniteur, le nommant chevalier de l’Ordre de Léopold.

Le succès éclatant de la première fut claironné par la presse européenne, qui le célébra presque sans ex-