— Quand on a l’honneur d’être élève de Massenet, on supprime « Monsieur ».
Combien j’ai été heureux de faire partie de cette classe qui était pour moi, comme pour nous tous, une délicieuse récréation, en même temps qu’un précieux enseignement qui nous conduisait vers les beautés de la Ville Eternelle ! Enseignement très imagé et faisant comprendre la musique, avec un art tout particulier, par des exemples qu’il savait trouver dans la littérature, la peinture. Exemple bien caractéristique :
— N’oubliez pas à cet endroit, me dit-il, la petite flûte ; c’est du vermillon !
Un des grands talents du maître, talent inoubliable ! c’était de faire comprendre, aimer, approfondir, lui-même chantant, exécutant au piano, les œuvres des maîtres. Il nous jouait souvent Schubert et Schumann, comparant leurs différents génies jusque dans les plus petites nuances.
Il nous a commenté aussi la symphonie. Je me souviens d’un cours intéressant où il nous expliqua avec clarté la hardiesse des développements de la symphonie en sol mineur du grand Mozart. Un jour aussi, il nous démontra d’une façon pittoresque la différence entre les « trois orages » : de la Pastorale, de Guillaume Tell et de Philémon et Baucis. L’orage-symphonie, l’orage-opéra et l’orage-opéra-comique. Vous voyez, par là, la diversité de son enseignement : pas moyen de s’ennuyer ! Si je continuais le récit de mes souvenirs, il me faudrait trop de pages. Avant de terminer, je tiens à vous remercier, monsieur, de l’occasion que vous me donnez de prouver mon