joie. Jusqu’au dernier jour, haut, svelte, rapide, il a passé dans la vie, le sourire aux lèvres et fredonnant volontiers quelque alerte refrain. Car il aimait la musique et ne craignit pas de confier l’une de ses filles chéries à un de vos plus chers confrères, oui, messieurs, au compositeur Gabriel Fauré lui-même, ici présent. Ah ! quel bonheur d’avoir un gendre et des petits-enfants à choyer, à dorloter, de petites âmes à modeler ! Mais voilà, les enfants grandissent si vite ! Ils veulent devenir à leur tour des artistes, comme papa et grand-papa. Attendons-nous à une nouvelle lignée de Fauré-Frémiet. Événement inéluctable.
Une des dernières fois que nous vîmes Frémiet tout court, c’était sur un canot, dans les rues de Paris, ce qui n’est pas banal. Il vint ainsi, hardi navigateur, jusqu’aux portes mêmes de l’Institut, lors des inondations. Il en riait, comme un jeune homme qui fait une bonne farce. Pauvre cher et grand ami !
Ce fut aussi un bon compagnon que Charles Lenepveu, d’un large rire épanoui et qui n’engendrait pas la mélancolie, avant que la maladie l’ait trop fortement atteint, sorte de bon géant rabelaisien, tout de franchise et de loyauté, quelque chose comme un chevalier servant de la musique, sans peur et sans reproche.
« Prenez-moi comme je suis », semblait-il dire à tout venant. Et il était beaucoup, plus peut-être encore qu’il ne le pensait en sa modestie. Il ne sera pas possible en effet d’oublier de sitôt sa magnifique carrière de professeur. Il meurt, on peut le dire, sur un lit de lauriers cueillis par ses élèves au dernier concours.