rompue de théâtres ; je suivais donc, en les longeant, les façades de derrière des Funambules, du Petit-Lazari, des Délassements-Comiques, du Cirque Impérial et de la Gaîté. Qui n’a point connu ce coin de Paris, en 1859, ne peut s’en faire une idée.
Cette rue des Fossés-du-Temple, sur laquelle donnaient toutes les entrées des coulisses, était une sorte de Cour des Miracles, où attendaient, grouillant sur le trottoir mal éclairé, les figurants et les figurantes de tous ces théâtres ; puces et microbes vivaient là dans leur atmosphère ; et même dans notre Théâtre-Lyrique, le foyer des musiciens n’était qu’une ancienne écurie où l’on abritait jadis les chevaux ayant un rôle dans les pièces historiques.
À côté de cela, quelles ineffables délices, quelle récompense enviable pour moi, quand j’étais à ma place dans le bel orchestre dirigé par Deloffre ! Ah ! ces répétitions de Faust ! Quel bonheur indicible, lorsque, du petit coin où j’étais placé, je pouvais, à loisir, dévorer des yeux notre grand Gounod, qui, sur la scène, présidait aux études !
Que de fois, plus tard, quand, côte à côte, nous sortions des séances de l’Institut — Gounod habitait place Malesherbes — nous en avons reparlé de ce temps où Faust, aujourd’hui plus que millénaire, était tant discuté par la presse, et pourtant tellement applaudi aussi, par ce cher public qui se trompe rarement.
Vox populi, vox Dei !
Je me souviens aussi, étant à l’orchestre, d’avoir participé aux représentations de la Statue, de Reyer, Quelle superbe partition ! Quel succès magnifique !