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MES SOUVENIRS

Ces mesures devinrent les premières notes de Marie-Magdeleine, drame sacré auquel je songeais déjà pour un envoi.

J’ai conservé le croquis que Chaplain fit de moi, à ce moment-là.

Ainsi que d’ancienne date, les pensionnaires de la Villa Médicis y sont habitués pendant leur séjour à Naples, nous allâmes loger casa Combi, vieille maison donnant sur le quai Santa-Lucia. Le cinquième étage nous en était réservé.

C’était une ancienne masure, à la façade crépie en rose, et dont les fenêtres étaient encadrées de moulures en formes de figurines, celles-ci fort habilement peintes, comme celles que l’on peut voir dans toute la région italienne dès qu’on a passé le Var.

Une vaste chambre contenait nos trois lits. Quant au cabinet de toilette et… le reste, nous les avions sur le balcon, où, d’accord en cela avec les usages du pays, nous étalions nos hardes pour les faire sécher.

Pour voyager plus commodément nous nous étions fait faire à Rome trois complets de flanelle blanche à larges raies bleues.

Risum teneatis, comme aurait dit Horace, le délicieux poète, retenez vos rires, mes chers enfants. Écoutez d’abord cette curieuse aventure.

Dès notre arrivée à la gare de Naples, nous fûmes observés avec une insistance surprenante par les gendarmes-carabiniers. De leur côté, les passants nous regardaient tout étonnés. Fort intrigués, nous nous en demandions la raison. Nous ne tardâmes pas à être fixés. La patronne de la casa, Marietta, nous apprit que les forçats napolitains portaient un costume