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PHILIPPE-AUBERT DE GASPÉ, PÈRE

Venez-y tous en survivants (bis)
Impies, athées et mécréants,
Toure-loure ;
Dansons à l’entour,
Toure-loure ;

Dansons à l’entour.

Les sueurs abîmaient mon défunt père ; il n’était pas pourtant au plus creux de ses traverses…

Si donc, reprit José, que mon défunt père, tout brave qu’il était, avait une si fichue peur, que l’eau lui dégouttait par le bout du nez, gros comme une paille d’avoine. Il était là, le cher homme, les yeux plus grands que la tête, sans oser bouger. Il lui sembla bien qu’il entendait derrière lui le tic tac qu’il avait déjà entendu plusieurs fois pendant sa route ; mais il avait trop de besogne pardevant, sans s’occuper de ce qui se passait derrière lui. Tout à coup, au moment où il s’y attendait le moins, il sent deux grandes mains sèches comme des griffes, qui lui serrent les épaules : il se retourne tout effarouché, et se trouve face à face avec la Corriveau, qui se grappignait amont lui. Elle avait passé les mains à travers les barreaux de sa cage de fer, et s’efforçait de lui grimper sur le dos ; mais la cage était pesante, et, à chaque élan qu’elle prenait, elle retombait à terre avec un bruit rauque, sans lâcher pourtant les épaules de mon pauvre défunt père, qui pliait sous le fardeau. S’il ne s’était pas tenu solidement avec ses deux mains à la clôture, il aurait écrasé sous la charge. Mon pauvre défunt père était si saisi d’horreur, qu’on aurait entendu l’eau qui lui coulait de la tête tomber sur la clôture comme des grains de gros plomb à canard.