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autour aisément, et en faire une petite île, et s’y établir comme l’on voudra.

Il y a un petit îlet[1] à quelques vingt toises de ladite place Royale, qui a quelques cents pas de long, où l’on peut faire une bonne et forte habitation. Il y a aussi quantité de prairies de très bonne terre grasse à potier, tant pour brique que pour bâtir, qui est une grande commodité. J’en fis accommoder une partie et y fis une muraille de quatre pieds d’épaisseur et trois à quatre pieds de haut et dix toises de long pour voir comme elle se conserverait durant l’hiver quand les eaux descendraient, qui, à mon opinion ne sauraient parvenir jusqu’à ladite muraille, d’autant que le terrain est de 12 pieds élevés dessus ladite rivière, qui est assez haut. Au milieu du fleuve y a une île d’environ trois quarts de lieues de circuit, capable d’y bâtir une bonne et forte ville et l’avons nommée l’île Sainte-Hélène…

Le premier jour de juin, le Pont (ou Pontgravé) arriva au dit Saut… et bonne compagnie le suivirent et vinrent après lui pour y aller au butin, car sans cette espérance ils étaient bien de l’arrière.

Or attendant les sauvages, je fis faire deux jardins, l’un dans les prairies et l’autre en bois, que je fis déserter ; et le deuxième jour de juin j’y semai quelques graines qui sortirent toutes en perfection, et en peu de temps, qui démontre la bonté de la terre… »[2]

  1. L’îlot Normand recouvert maintenant par un quai.
  2. Samuel de Champlain, Œuvres. Édition de 1870.