Page:Massillon - Sermons et morceaux choisis, 1848.djvu/235

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de nos temples : c’étaient des pécheurs moins coupables que nous sans doute, de tout rang, de tout âge, de tout état ; prosternés devant le vestibule du temple ; couverts de cendre et de cilice ; conjurant leur frères qui entraient dans la maison du Seigneur, d’obtenir de sa clémence le pardon de leurs fautes ; exclus de la participation à l’autel, et de l’assistance même aux mystères sacrés ; passant les années entières dans l’exercice des jeûnes, des macérations, des prières, et dans des épreuves si laborieuses, que les pécheurs les plus scandaleux ne voudraient pas les soutenir aujourd’hui un seul jour ; privé non-seulement des plaisirs publics, mais encore des douceurs de la société, de la communication avec leurs frères, de la joie commune des solennités ; vivant comme des anathèmes, séparés de l’assemblée sainte ; dépouillés même pour un temps de toutes les marques de leur grandeur selon le siècle, et n’ayant plus d’autre consolation, que celle de leurs larmes et de leur pénitence.

Tels étaient autrefois les pénitents dans l’Église : si l’on y voyait encore des pécheurs, le spectacle de leur pénitence édifiait bien plus l’assemblée des Fidèles, que leurs chutes ne l’avaient scandalisée ; c’étaient de ces fautes heureuses, qui devenaient plus utiles que l’innocence même. Je sais qu’une sage dispensation a obligé l’Église de se relâcher des épreuves publiques de la pénitence ; et si j’en rappelle ici l’histoire, ce n’est pas pour blâmer la prudence des Pasteurs qui en ont aboli l’usage, mais pour déplorer la corruption générale des fidèles qui les y a forcés. Le changement des mœurs et des siècles entraine nécessairement avec eux les variations de la discipline. La police extérieure, fondée sur les lois des hommes a pu changer ; la loi de la pénitence, établie sur l’Évangile et sur la parole de Dieu, est toujours la même. Les degrés publics de la pénitence ne subsistent plus, il est vrai ; mais les rigueurs et l’esprit de la pénitence sont encore les mêmes, et ne sauraient jamais prescrire. On peut satisfaire à l’Église sans subir les peines publiques qu’elle imposait autrefois ; on ne peut satisfaire à Dieu sans lui en offrir de