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si fort distingués sous son règne. Jamais il n’a paru plus véritablement roi : c’est qu’il l’était déjà dans le ciel ; et que le règne du juste est encore plus grand et plus glorieux que celui des rois de la terre.

Enfin le jeune Salomon, l’auguste enfant est appelé. Louis offre au Dieu de ses ancêtres ce reste précieux de sa maison royale ; cet enfant sauvé du débris qui lui rappelle la perte encore récente de tant de princes, et que ses prières et sa piété ont sans doute conservé à la France. Il demande pour lui à Dieu, comme David pour son fils Salomon, un cœur fidèle à sa loi, tendre pour ses peuples, zélé pour ses autels et pour la gloire de son nom : Salomoni quoque filio meo da cor perfectum, ut custodiat mandata tua[1]. Il lui laisse, pour dernières instructions, comme un héritage encore plus cher que sa couronne, les maximes de la piété et de la sagesse. « Mon fils, lui dit-il, vous allez être un grand roi ; mais souvenez-vous que tout votre bonheur dépendra d’être soumis à Dieu, et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Évitez la guerre ; ne suivez pas là-dessus mes exemples : soyez un prince pacifique ; craignez Dieu, et soulagez vos sujets. » Il lève les mains au ciel, comme les patriarches au lit de la mort, et répand sur cet enfant, avec ses vœux et ses bénédictions, des larmes qui échappent à sa tendresse, ou à la joie qu’il a d’aller posséder le royaume de l’éternité qui lui est préparé.


BÉNÉDICTION DES DRAPEAUX DU RÉGIMENT DE CATINAT.

Ce n’est pas pour vous rappeler ici des idées de feu et de sang, et par le souvenir de vos victoires passées vous animer à de nouvelles, que je viens, dans le sanctuaire de la paix, mêler un discours évangélique à une cérémonie sainte. La parole dont j’ai l’honneur d’être le ministre est une parole de réconciliation et de vie, destinée à réunir les Grecs et les Barbares ; à faire habiter ensemble, selon l’expression d’un prophète, les lions, les aigles et les agneaux ; à rassembler sous un même chef toute langue, toute tribu et toute nation ; à calmer les passions des princes et des peuples, confondre leurs intérêts, anéantir leurs jalousies,

  1. 1. Par. 29, 17.