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Page:Masson - Alfred de Vigny, 1908.djvu/88

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ALFRED DE VIGNY

il y renferme pieusement son journal, disant avec un sourire demi-confiant, demi-sceptique :

Qu’il aborde, si c’est la volonté de Dieu !

Mais, au moment de jeter la bouteille dans le tournoiement des vagues, la lumière se fait en lui, et l’acte de foi ramène la foi.

Il lance la bouteille à la mer et salue
les jours de l’avenir qui pour lui sont venus…
Il sourit en songeant que ce fragile verre
portera sa pensée et son nom jusqu’au port,
que Dieu peut bien permettre à des eaux insensées
de perdre des vaisseaux, mais non pas des pensées,
et qu’avec un flacon il a vaincu la mort.

Sa foi d’ailleurs ne l’a pas trompé : la bouteille errante a d’abord et longtemps vogué solitaire sur l’infini des eaux :

un soir enfin, les vents qui soufflent des Florides

l’ont poussée sur les côtes de France : un pêcheur l’a prise dans ses filets, et la Science dans ses trésors.

Vigny est tout entier dans cette histoire