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la cause brisefer

Vénus de Milo commandée aux statuaires Rovila et Missaluno, de Milan, laquelle, à la date convenue, lui fut livrée, au quai Allan, en bon état mais, évidemment, sans bras.

Inde ira… et litigatio !

Monsieur de Brisefert, qui s’était enrichi pour avoir toujours exigé, en effets, la valeur de son argent, réclama aussitôt à la Compagnie de Navigation Cherbourg-Amérique, qui avait fait la livraison, des dommages-intérêts au montant de 563,87 $. Sa lettre étant restée sans réponse, ses avocats, Mes Pothier, Cugnet & Aubry, intentèrent l’action devant la Cour Supérieure.

La compagnie défenderesse — on abrégeait sa désignation en Cher.-Amé. bien que des plaisantins dissent Bourg.-Rique. — avait cru d’abord qu’on lui montait un bateau. Elle chargea ses avocats, Mes Peabody & Nutter, de faire cesser ce qu’elle considérait une fumisterie. Ceux-ci se contentèrent de produire au dossier la déclaration que la défenderesse « s’en rapportait à justice ».

L’affaire s’instruisit, en avril 1894, devant l’Honorable juge Sicard (on n’était pas encore Seigneurie dans le temps !), magistrat distingué et professeur de droit à l’Université Laval. À vrai dire, l’instruction fut des plus sommaires, et les avocats de part et d’autre ayant convenu de soumettre la cause sans plaidoiries, le président de l’auguste tribunal, séance tenante, in banco, comme on dit