Page:Massé - À vau-le-nordet, 1935.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
à vau-le-nordet

À la place de ces cours d’eau, je laisserais vite mon lit et par mes débordements j’ameuterais les populations riveraines contre pareil babélisme.

Heureusement que la truite et l’achigan sont muets comme… des carpes, car ils protesteraient hautement. Et si le brochet du lac Kakiskopetenne mord, c’est de rage, j’en suis convaincu, de rage d’habiter un séjour ainsi dénommé.

Je suis sûr, chère lectrice, que vous resteriez froide comme verglas si, rappelant les bontés que vous me témoignâtes, en ces inoubliables vacances de 19…, je commençais ainsi qu’il suit des stances où je mettrais pourtant toute mon âme :

        Te souviens-tu, Margot, du premier rendez-vous
        À mon chalet du lac Olomanoshibou ?…

Vous me poufferiez au nez, chérie, et vous n’auriez pas tort.

Jamais, non jamais, Lamartine n’aurait écrit la meilleure poésie de ses Méditations si son Lac se fût appelé Pamouskachiou.

Je me suis donné la peine de faire un relevé — oh ! bien incomplet — de certains lacs et rivières désignés du même qualificatif. J’ai trouvé 437 rivières Noires, 429 rivières Blanches, 318 lacs Verts et 263 lacs à la Truite.

Ah non ! vraiment, ça n’est pas la faute de la Commission de Géographie si les grenouilles n’ont point de queue.