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l’enfance.

— car sa mère était morte peu de temps après lui avoir donné le jour — avec des tendresses dont l’impression fut décisive pour toutes ses affections. Elles lui firent aimer Dieu et les hommes d’une façon singulièrement émue, et les souvenirs en demeurèrent chers au philosophe dans toutes les phases de sa vie : toujours une femme saintement aimée y joue un rôle.

Son cœur ainsi disposé, et comme pétri par l’amour, reçut des premières lectures faites à l’âge de l’intelligence ouverte une impression et des tendances plus décisives encore, plus intérieures et plus mystiques. Le livre d’Abbadie, l’Art de se connaître soi-même, l’initia à cet ensemble d’études de soi et de méditations sur le divin type de toutes les perfections qui devint le grand objet de sa vie.

Les détails sur l’enfance et les années de collège du futur théosophe nous manquent. Daas les Mémoires ou les Notes autographes sur sa vie qu’il a intitulées Mon Portrait historique et philosophique, il ne nous donne lui-même qu’une sorte de légende sur son développement physique. Il a changé sept fois de peau en nourrice, nous dit-il. Mais ni le fait qu’il désigne ni le nombre sacré qu’il adopte ne doivent être pris à la lettre. La pensée qui a dicté l’un et l’autre se montre en ces mots : « Je ne sais si c’est à ces accidents que je dois d’avoir si peu d’astral. » C’est une organisation très-délicate, mais toutefois très-privilégiée, qu’il veut nous indiquer par ce changement de peau sept fois renouvelé. Et telle était en effet sa constitution ; nous le verrons tout à l’heure, ainsi que le sens du mot astral ou sidérique, mot qu’il affectionne dans son style mystique, mais qui n’est pas