Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/404

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de ces beaux noms. Ses maîtres, et en général ceux des théurgistes qui ne sont pas philosophes, en ont et en nomment beaucoup. Quant à lui, il n’en énonce qu’un seul, le grand nom, celui qu’on invoque. Il ne daigne prononcer aucun de ceux qu’on évoque.

Quant au grand nom, il aime à en parler. Toutefois, quand Liebisdorf, son disciple, veut en savoir la prononciation, l’amour, l’habitude du mystère le reprend, et il répond qu’il n’aime pas qu’on mette tant de prix à ce que d’autres peuvent vous apprendre à ce sujet. « La parole s’est toujours communiquée directement à ses interprètes, » dit-il. C’est-à-dire, « si elle veut vous avoir pour interprète elle vous parlera, et vous saurez comment il faut prononcer son nom ; si elle ne veut pas vous parler, qu’avez-vous besoin de savoir ce que vous demandez ? » Mais il n’a pas facilement raison d’un tel correspondant, et il se laisse entraîner à discuter très-mystérieusement le grand nom. C’est pour lui celui de Jéhovah. Son ami de Berne l’attendait là ; car tel n’est pas son avis, et, fort de l’appui du savant d’Eckartshausen, il lui démontre que le grand nom est Jésus-Christ. Aux textes mosaïques il oppose des textes apostoliques. Et rien de plus curieux, pour ceux qui sont à même de suivre la pure exégèse des textes, que de les voir tous les trois s’égarer à qui mieux mieux, cherchant de très-grands secrets, des choses inconnues au vulgaire, au fond d’un simple hébraïsme, très-familier à l’Orient, très-connu des philologues. Le vrai sens de cet hébraïsme est pourtant à la portée de tout le monde ; et pour peu qu’on ait vu des textes sacrés, chacun sait que ces formules, « le nom de Jéhovah ou le