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CHAPITRE XIV.
Le point d’arrivée. — L’idéalisme objectif.

M. de Schelling, qui est admirable dans la critique des autres, ce qui est bien quelque chose, signala les aberrations de ses prédécesseurs avec beaucoup d’esprit et de verve. Il avait beau jeu. La philosophie du dernier siècle, à la suite de Locke et de Leibnitz, s’était concentrée presque exclusivement sur l’étude de l’esprit humain, et s’était desséchée sur ce mince domaine. Kant, à la vérité, avait étudié les sciences naturelles ; Wolf, les mathématiques ; Leibnitz, presque tout. Cependant ces philosophes étaient restés au-dessous de Descartes et de Bacon pour la connaissance générale de la nature, autant que ces derniers eux-mêmes étaient demeurés au-dessous d’Aristote. Berkeley, Hume, Condillac et Fichte avaient réduit la philosophie à sa plus simple expression ; ce dernier en avait fait une espèce de fantasmagorie du moi, d’égoïsme métaphysique, de science du moi. Or, traiter aussi