Page:Matter - Schelling, 1845.djvu/92

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prême, indépendante, libre de toute autre.

Et puisqu’il n’y a qu’elle qui soit, elle est l’absolu. La nature, développée et déployée en objets individualisés, est toujours la nature ; mais les objets devenus individus ne sont que ses formes, que ses phénomènes, La source de tout ce qui vit en tout, c’est elle ; si bien que ses formes elle-mêmes ne seraient que de vains phénomènes, si elle ne vivait en elles. Prenez un de ces objets, séparez-le de tous les autres ; arrachez, par exemple, le pommier au sol où la nature le produit ; sevrez-le de la terre, de l’eau, de l’air et de la lumière dont elle le nourrit, et vous n’aurez plus qu’un cadavre.

La nature vit ainsi dans tous les objets qu’elle enfante ; et tous les objets qui existent, c’est elle qui les enfante, qui les met hors de son sein, les y ramène, les y absorbe ou les en fait émaner de nouveau. Mais ces objets, c’est toujours elle, et tous ensemble ils forment elle, c’est-à-dire le tout, ou l’absolu, L’existence suprême, l’essence infinie, n’existe pas en dehors d’eux. Elle n’est