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Vous, oppresseurs du peuple, insolentes cohortes,
Aventuriers, fuyez, fuyez loin de ses portes,
En hâte reprenez vos obliques chemins !
Et vous qu’ils contristaient, infortunés Romains,
Vous qu’ils ont aveuglés, qu’un rayon de lumière
En descendant des Cieux maintenant vous éclaire.
Du Pontife de Rome annonçant le retour,
Les bronzes du Saint-Ange ont tonné tour à tour.
Le voilà ! Tous les fronts sont radieux de joie.
Sur le mont Vatican, en face de la voie
Où jadis, enchaînés derrière leur vainqueur,
Les rois honteux suivaient le char triomphateur,
Un temple dans la nue élève sa coupole,
Et ferme le chemin qui mène au capitole.
Sur les autels du Christ mille cierges en feu,
De leur vive lumière éclairent le saint lieu ;
Le peuple, en se pressant sous son pieux portique,
Inonde de ses flots l’immense basilique.
C’est là que le Saint-Père, au pied de l’Éternel,
Présente de son cœur l’hommage solennel,
Lui demande qu’il veuille, en sa bonté profonde,
De sa grâce épancher les trésors sur le monde,
Qu’il daigne illuminer les âmes des pervers ;
Sa main bénît ensuite et Rome et l’univers.


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Je croyais voir s’éteindre et la guerre et la haine,
Mais mon cœur se berçait d’une espérance vaine ;
J’entends gronder encor la voix des factions ;
Déjà s’est ranimé le feu des passions ;
Méprisant de Jésus la morale sublime,
L’incrédule partout livre son âme au crime.
Tantôt prenant les traits d’un novateur ardent,
Tantôt sous le manteau d’un tribun insolent,
Aux nations il prêche une doctrine infâme ;
Pour lui le corps est tout, il ne croit point à l’âme ;
Il a honni le prêtre et renversé les rois,
Sa main a lacéré le code de nos lois ;
Le vice est son ami, l’orgueil est son idole ;