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Elle avait allégé le poids de leur misère ;
Aux pieds de l’Éternel se jetant à genoux :
« Ô Seigneur, dirent-ils, elle eut pitié de nous,
» Nous vous en supplions, ah ! prenez pitié d’elle !
» Daignez donner la paix à cette âme fidèle ! »
Et les échos émus répétèrent ces mots :
« Ô toi qui, sur la terre, au milieu de leurs maux,
» De tous ceux qui souffraient étais la providence,
» Toi qui dans le malheur conservais l’espérance,
» Ô ma fille, je veux récompenser ta foi ;
» Tu souffris, mais mon fils a souffert comme toi ;
» Si tu portas sa croix, aujourd’hui je te donne,
» Ma fille bien-aimée, une blanche couronne
» Qui pare en ces beaux lieux le front de mes élus ;
» Cette couronne, au moins, tu ne la perdras plus ! »

Se livrant aux transports d’une innocente joie,
Pendant qu’au noir chagrin les Belges sont en proie,
Les Saints, en cet instant, chantent l’hymne d’amour,
Et font entrer Louise au céleste séjour.
Le souffle parfumé d’une brise légère
Agite les cheveux de la jeune étrangère,
Et soulève les plis du long voile d’azur
Dont la gaze soyeuse ombrage son œil pur.
On voit dans leur fraîcheur briller sur son visage
Le lys éblouissant, les roses du bel Age.

Ô ma lyre, au bonheur emprunte tes accents,
Et que ta voix plus douce accompagne mes chants !

D’une robe ondoyante élégamment parée,
Elle a déjà franchi la barrière sacrée ;
Jeune épouse d’un roi, son front présente encor
La trace qu’y laissa son diadème d’or.
Les Trônes, les Vertus, les Splendeurs, les Archanges,
Les Dominations et les saintes Louanges,
Soudain, de toutes parts, accourent pour la voir.
Quand la lime se lève à l’horizon, le soir,
Et les planètes d’or et les blanches étoiles,