Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 3.djvu/162

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pouvoir se rendre maître d’un seul fait qui puisse faire partager sa conviction à autrui. Une nuit que, par l’ordre du supérieur, j’avais pris mon poste dans le corridor, où je passais souvent des heures entières, remplissant le noble rôle d’espion, je crus entendre des pas. Il faisait noir. Un pied léger passa à côté de moi ; j’entendis une respiration entrecoupée et palpitante. Quelques instans après, une porte s’ouvrit ; c’était celle du jeune religieux : j’en étais sûr, car l’habitude de veiller à cette même place m’avait rendu l’ouïe si fine, que je reconnaissais les habitans de toutes les cellules par les gémissemens de l’un, les prières de l’autre, les rêves agités du troisième. Cette porte, surtout, d’où ne