Page:Maturin - Melmoth, Hubert, 1821, tome 4.djvu/182

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brait dans une mer calme, contraste délicieux pour son âme féroce. Parfois il se contentait de regarder les navires à mesure qu’ils passaient devant ses yeux, et de se dire que chacun d’eux renfermait une ample cargaison de malheurs et de crimes. Il réfléchissait surtout aux vaisseaux européens qui s’approchaient, tout remplis des passions et des vices d’un autre monde, pour trafiquer d’or, d’argent et des âmes des hommes, pour arracher à ces climats tous leurs riches produits, en refusant aux habitans le riz dont ils ont besoin pour soutenir leur chétive existence ; enfin, pour rapporter avec eux, en Europe, des constitutions minées, des passions enflammées, des