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Page:Mauclair - Fragonard, Laurens.djvu/106

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FRAGONARD.

niers, traqués, à tout le moins « loi Unes ei réduits à la misère. Sans haine pour la royauté ni pour le jacobinisme, ce petit groupe d’artistes, de naissance plébéienne et de mœurs bourgeoises, souffrit en silence « le cet immense bouleversement où B’effondraii tout leur passé et qui doublait leur sentiment de vieillesse. Leur art se démodait. Leurs scènes piquantes, leurs mignardises n’étaient plus possibles dans la convulsion révolutionnaire, personne ne -Vu souciait plus, et quelques années avaient suffi pour faire des adulés de la veille les dédaignés du jour. I ii.ul nouveau [laissait, solennel, sévère, maussade, d’un héroïsme classique, selon les sentiments « romains » à la mode. L’allégorie du nviii’siècle restait en laveur, mais elle devenait prétentieusement épique, lourde cl guindée. Elle allait ainsi rejoindre le rigorisme académiq In xviie siècle ; la peinture allait se figer dans une fausse noblesse, devenir la sujette docile du détestable goût consulaire et impérial, et tomber dans le classicisme dégénéré, comme les lettres. Et il allait falloir quatre-vingts ans pour ramener le goût et la justice vers, cette adorable école française de 1770. pour faire comprendre son importance « la us l’histoire du génie national, pour l’exhumer des cendres de la Révolution, de l’Empire, de la royauté bourgeoise, et la révéler jeune cl souriante « lu fond de L’oubli et de la mort, comme une fresque de Pompéi.

Quand les rentes sur L’État lurent diminuées des deux tiers, Fragonard, qui avait environ dix-huit mille Livres de renie, n’en eut guère plus de six mille. On raconte