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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/114

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leur vie est dure mais simple, et ils ne l’encombrent pas de philosophie.

Lorsque quelqu’un meurt, on le dépose dans un trou de la plage, quelque temps après, un orage efface le tumulus et balaie la croix, on ne sait plus où est la tombe, il y a seulement un peu plus de travail. Les jours fériés n’existent pas dans le calendrier du « garimpeiro » ; toute la famille travaille sans arrêt tant que le soleil éclaire la rivière.

Canario, pour sa part, est aidé par le compagnon de sa fille et les gamins qui sont nés de cette union. Il y a loin du placer de Canario au village. Chaque semaine, sa femme prend la pirogue, et, en compagnie du plus jeune des fils, remonte le courant pour aller au ravitaillement.

Les repas ne sont guère variés : la pêche et la chasse n’apportent qu’un faible appoint, car Canario n’a pas de carabine et puis, d’ailleurs, les munitions sont trop chères. La première chose achetée par le « garimpeiro » est cependant un colt de bonne marque et de gros calibre. Pour le reste, ça ne presse jamais.

Avant de manger il faut pouvoir se défendre. Aventuriers, hors la loi, évadés de bagnes et de centrales sont autant de dangers qui valent tous les fauves de la forêt et tous les Indiens encore insoumis. Ils sont là pour le diamant, et si la chance ne les favorise pas, ils l’aident un peu et ne s’inquiètent pas des conséquences. La seule justice est la loi du plus fort ou celle du plus malin, le revolver remplace l’avocat, sauvegarde pour les uns, instrument de travail pour les autres, lorsqu’on n’a plus rien