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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/119

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n’y a pas le moindre « chibin »[1] dans le nouvel apport de terres lavées.

Sylvio, le compagnon de sa fille, pioche dans un tas de terre diamantifère extraite, au fur et à mesure des besoins, d’une carrière ouverte au flanc des hauteurs avoisinantes. Il remplit une cupule de bois que l’aîné des gamins porte à son grand-père. Canario renverse celle-ci dans la « bateia » et avec un mouvement régulier de va-et-vient, le vieux « garimpeiro » agite le tamis lourd de terre rouge. Le courant se teinte de traînées, le mouvement ne ralentit pas un seul instant, toujours aussi régulier, la terre va au fil de l’eau, puis les traînées pâlissent : il ne reste plus que du gravier.

Canario soulève le tamis ruisselant et d’un mouvement sec, le retourne et le plaque sur le tas formé par les lavages précédents.

La cible est là, parfaite : noir de jais, marron, cristal sale, les teintes s’unissent et se fondent à la limite des cercles en un délicat ton-sur-ton.

Le soleil monte toujours plus haut derrière la forêt. Il n’y a plus de brumes sur les eaux du rio, mais le scintillement de milliards de paillettes mordorées dans les criques. Lent et glauque, le courant creuse des remous.

Canario racle, fouille, aplanit, brouille le tas et recommence, sans fièvre. Les heures passent n’apportant au chercheur que pierres roulées et cristal… les gestes sont mécaniques, la chaleur et la réverbération deviennent insoutenables. Le tube de bois appelé « picua », dans lequel les prospecteurs mettent leurs trouvailles, reste vide, pen-

  1. Diamant minuscule d’utilité industrielle.