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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/122

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une chemise à carreaux et un beau feutre orné de rubans multicolores. Un colt bat sa cuisse, son adresse est proverbiale : être ami de Rafaelo est un sauf-conduit dans les placers.

Étrange bonhomme en vérité, brave garçon et crapule, sachant adroitement profiter des circonstances et criant sur les toits des aventures à la Tartarin. Le fait est qu’il avance de l’argent aux prospecteurs en détresse à des conditions toutes particulières. L’emprunteur s’engage à travailler tant qu’il n’aura pas remboursé l’intégralité de la somme et Rafaelo reçoit quatre-vingts pour cent de la vente des pierres récoltées. Le malheureux emprunteur passe des années, parfois toute sa vie à payer ses dettes sans cesse croissantes. Il n’arrive d’ailleurs jamais à se libérer complètement : il est dans un état proche de l’esclavage parce qu’inconditionnellement à la merci de Rafaelo.

C’est une loi acceptée par tous et respectée, appuyée d’arguments convaincants. Celui qui tenterait de s’y dérober s’attirerait les foudres du village tout entier, en sus de celles de Rafaelo, fort suffisantes du reste puisqu’elles tiennent à une exécution sommaire.

Lorsque le prospecteur endetté est maître d’une jeune et jolie femme, la question prend une autre tournure et Rafaelo admet alors dans une certaine mesure des circonstances atténuantes, c’est-à-dire qu’il consent à ce que le règlement de la dette soit effectué en nature.

Il accapare la femme et le prospecteur s’en va tenter ailleurs la chance. Rafaelo, vite lassé des charmes procurés par sa nouvelle épouse, cherche alors un placement