Aller au contenu

Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ventre ouvert dans toute sa longueur zébré de coups de sabre.

— Nous l’avons tué à cinq « leguas » d’ici, expliquent les hommes avec fierté. Humberto voulait le ramener vivant et nous l’avions pris au lasso mais dans la pirogue, ses contorsions menaçaient de nous faire chavirer alors on a décidé de le tuer et de lui retirer la peau. Nous l’avons attaché à un arbre après lui avoir déchargé dans la gueule tout le barillet d’un colt de calibre trente-deux… mais l’animal avait la peau dure. On s’est mis à huit pour l’étirer et ensuite le dépouiller, il a gigoté comme un beau diable et nous a envoyés promener les quatre fers en l’air. Finalement nous avons réussi à l’achever et quand on lui a ouvert le ventre, on a trouvé deux tortues, à l’intérieur, des « tracajas ».

— Dépouillez-le maintenant, ordonne Roxa et se tournant vers moi, il m’explique :

— C’est un « sucuri ». Certains atteignent quinze et dix huit mètres. Ils s’embusquent dans les branches surplombant la rivière et se laissent tomber sur les pirogues qui passent. Naturellement, avec leur poids, la pirogue chavire, alors ils saisissent un homme entre leurs anneaux et l’emmènent avec eux dans les profondeurs de la rivière. Un rameur de l’expédition Roncador Xingu a été saisi de cette manière par un serpent qui, fort heureusement, n’était pas très gros puisqu’il faisait à peine sept mètres !… mais tout de même ses camarades ont dû batailler pendant plus d’une demi-heure pour le libérer de l’emprise du reptile. Si l’homme avait été seul, il aurait été perdu.