Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/135

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Ils travaillent trois jours d’un côté, un mois de l’autre, essayant de gagner quelque argent pour s’acheter le matériel de prospection. Ils passent, mais rien ne demeure. Ils ne créent pas, ce sont des joueurs… Ils courent les forêts, mais n’ouvrent pas des routes ou des pistes que d’autres pourraient utiliser après eux. A peine des coulées comme des fauves, des coulées qui se referment sur leur passage des villages de torchis qui s’écroulent et dispa1·aissent à la première pluie…

Ils ne font rien de durable… « diamant »… hors la pierre maudite rien ne compte pour eux. Leur itinéraire d’ailleurs est presque toujours circulaire ; ils se bornent à suivre les rumeurs propageant les bruits de la découverte d’un filon ou d’un placer… alors c’est la ruée.

Toujours de nouvelles terres, jamais le souci de s’établir, ils ignorent la famille, sont analphabètes, malades : presque tous tuberculeux ou syphilitiques parce que dépourvus d’assistance sociale et médicale.

Ce sont des nomades sans avenir qui veulent s’enrichir vite.

Il nous faudrait pouvoir fixer ces gens-là, leur donner une raison de demeurer, de construire, d’espérer… mais ils retournent toujours à leur rivière, un sac de toile en bandoulière, travaillant à laver le sable comme des forcenés, de l’aube à la nuit, parfois même à la lueur d’une lampe à pétrole… pour ne pas perdre de temps et aller plus vite… ne pas laisser passer la fortune avec leur chance.

Roxa se tait. Les hommes fredonnent dans les champs de vieilles mélopées d’esclaves… ils travaillent molle-