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achevée. Les plaies de la pauvre femme sont, m’assure Roxa, vraiment celles causées par la « borduna » chavante et je ne peux résister au désir que d’aucuns trouveront morbide de photographier le crâne et ses blessures.

J’ai aidé Roxa de mon mieux à couper les cheveux de Maria (tel est le nom de la blessée) et à désinfecter les plaies qui grouillent de vermine. La fièvre n’est pas tombée.

Les hommes qui m’ont accompagné à Xavantina repartent demain pour Barra Cuyabana, à la confluence du Rio das Garcas et de l’Araguaya. Je vais partir avec eux pour rejoindre au plus tôt Leopoldina. Meirelles maintenant ne tardera pas à arriver pour préparer l’expédition.

Pour notre souper d’adieu, Roxa fait abattre par ses hommes un superbe zebu et me convie à participer au « churrasco ».

Nous sommes une vingtaine rassemblés autour du grand feu sur lequel rôtissent les abats de zébu et d’énormes quartiers de viande saignante. Une bonne odeur s’élève bientôt et les hommes piquent de la pointe de leur poignard le morceau de leur choix. La viande ainsi grillée a une saveur délicieuse et je mords à belles dents la chair tendre dégouttante de jus noir en puisant à pleine main dans un sac de farine de manioc, complément indispensable au festin. Nous mangeons debout, en silence, affamés, écrasant de nos mains pleines de graisse les moustiques toujours aussi voraces.

— Surtout, me recommanda Roxa entre deux bouchées, soyez prudent lorsque vous serez en territoire Chavantes. On ne voit jamais venir ces bougres-là, ils profitent habile-