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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/180

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luant dans un décor de carton pâte, qui pourraient se permettre dans de semblables circonstances de jouer au Neptune et de poursuivre le crocodile avec un grand couteau… Quant à nous, pauvres mortels, le plongeon et les acrobaties sous-marines auraient été sans lendemain. Les eaux du Rio das Mortes, mettant en branle mandibules et anneaux, auraient tôt fait d’écrire la page finale du carnet de route de l’expédition.

— Vamos, rapaz…

— Vamos, disent les hommes. Un dernier regard sur la plage que nous avons baptisée « praia do jacaré » en souvenir de nos aventures et notre barque, sous l’impulsion des perches qui mordent le fond sableux, reprend sa course sur la rivière.

— Fatigué, Français ?

— Un peu…

— Nous arriverons bientôt à l’ile Bananal…

— Se deus quiser.

10 Novembre… Manoel lavait la bouilloire et le filtre à café dans l’eau d’une lagune où nous avions fait halte pour le bivouac du soir. Il a trouvé une pépite d’or d’au moins trois grammes. Mine de rien, évidemment, tous les hommes se promènent d’un air méditatif sur la berge et raclent le sable de leurs doigts de pieds. Je fais comme eux…
Meirelles perçoit le stratagème et, craignant de voir les membres de son expédition déserter pour s’établir prospecteur, ·nous fait rembarquer en vitesse. Dommage. Je pense à l’avenir et marque sur la