Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/217

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m’offre un collier de baies séchées et cliquetantes avec comme pendentif une grosse dent de crocodile.

— Norhon marani[1], dit-il avec componction. C’est un remède fort efficace, parait-il, contre les piqûres de serpent. On lave la dent dans la rivière, on la râpe dans une calebasse d’eau fraiche, puis on boit, tout en frottant l’incision des crochets à venin avec les graines du collier qui chasseront les esprits mauvais de votre blessure… et hop… passez muscade, vous voilà immunisé.

— Tiotoekà… grand chef…

Le grand chef Malhoa appelle de sa voix gutturale une jeune Indienne quelque peu intimidée par notre présence qui vient s’agenouiller à ses côtés, épouillant puis peignant sa longue chevelure après l’avoir soigneusement enduite de graisse de poisson.

Elle évolue avec douceur, le visage fermé, les mains agiles et Malhoa, figé comme une statue recevant l’hommage de ses fidèles, ferme les yeux sous le chatouillis agréable des épines de cocotier composant le peigne primitif qui racle son cuir chevelu et le force à pousser de petits grognements béats.

Je m’empiffre avec sans-gêne, plongeant mon nez dans les tranches énormes du melon d’eau, regardant avec intérêt cette scène familiale, cependant que je sens mon estomac enfler…, enfler tellement, que je suis obligé de sortir précipitamment pour prendre l’air.

Dehors, c’est une fournaise, on y dessèche sans rémission, alors je plonge à nouveau dans la pénombre de

  1. Sans traduction.