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Page:Maufrais Aventures au Matto Grosso 1951.djvu/56

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Né dans la forêt, d’un père prospecteur et d’une mère indienne, tout gosse, il lisait à livre ouvert les pistes, le ciel, les arbres et les empreintes ; il savait harnacher un cheval, soigner les piqûres de bambous venimeux, éviter les fauves aquatiques, terrestres et volants[1], marcher pieds nus sur la rocaille ardente, parcourir des centaines de kilomètres en pleine jungle, se nourrissant d’une poignée de farine, buvant l’eau fraiche des lianes géantes, guidé par son flair d’homme des bois.

Il ne savait ni lire ni écrire, mais pouvait, comme pas un, distinguer à dix pas le serpent lové dans un trou et choisir sans hésiter le fruit comestible entre mille vénéneux. Au hasard d’une halte, Pablo me tirait par la manche, désignant une empreinte sur l’humus…

— Cette nuit, des « caetetus »[2] sont venus se vautrer ici. Ils reviendront demain, parce qu’ils sont en chasse, disait-il avec conviction. Parfois un « veado » au pelage fauve, plein de grâce et d’agilité, bondissait au travers de la piste. C’eût été une cible facile, mais Pablo laissait sa carabine accolée à un tronc d’arbre.

— Pourquoi tirer ? tu n’as pas faim ? nous avons de la viande sèche. Lorsqu’il n’y en aura plus. nous pourrons chasser.

— Regarde, disait-il encore, l’écorce de cet arbre ressemble au cuir des crocodiles, le bois est très dur, l’humidité ne le ronge pas et les fourmis non plus, il est bon pour construire un rancho, on l’appelle « jacare ». Celui-ci est un « folia larga », ses feuilles remplacent les assiettes

  1. Vampires.
  2. Sangliers sauvages.