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CHAPITRE III

LA CITÉ DES RÉPROUVÉS


LEOPOLDINA est un village mort sous un soleil de plomb, entre la forêt vierge et la rivière, avec un morceau de piste poudreuse que les pluies transforment en bourbier et une quarantaine de cahutes dispersées, aux murs de bambous plaqués de terre glaise. Les toits sont couverts de feuilles de palmier liées avec des lianes, ou de tuiles grossières entre lesquelles pousse un gazon dru, hérissé d’arbustes desséchés.

Des cases sont écroulées, envahies par les ronces, d’autres dressent encore des pans de murs branlants avec de grandes lézardes.

— Lorsqu’un mur s’écroule, me dit Pablo, ça perce une véranda et, lorsque c’est toute la maison, on déménage pour reconstruire ailleurs.

De gros iguanes immobiles dans des failles semblent dormir. Une horde puante d’urubus au plumage de jais, la tête pelée, déchiquette en silence un chien crevé. Les charognards s’agrippent de toute la force de leurs pattes crispées dans les poils de la bête et plongent leur bec crochu dans la chair décomposée, arrachant à chaque fois