Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/124

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d’étonnement et d’amertume. Je me demande car je devrais en avoir l’habitude

Les Boschs travaillent dans leurs cases, qui une pagaie, qui un tam-tam, qui un peigne.

Ils sont d’une habileté remarquable, n’employant que des outils rudimentaires : hache, canif. — Pagaie ajourées, ciselées comme des abat-jours.

L’art Bosch, hélas, est d’une inspiration restreinte : les mêmes motifs se retrouvent dans toutes leurs sculptures qui finissent par perdre toute originalité. Presque du travail en série… Parce qu’ils aiment ces dessins, ces couleurs, ces formes, ils n’en sortent plus, n’ajoutant aucun cachet personnel à leur travail, ne recherchant aucune fantaisie hors celle de leurs ancêtres qui est devenue la leur, qu’ils aiment et qu’ils ne varient pas.

Vendredi 11 Novembre.

Je viens d’assister à l’ablation de la première phalange d’un Boni — Dextérité de l’infirmier — Deux piqures de Novocaïne — ouverture en croix. On saisit l’os avec une pince, on serre fort, on arrache avec une légère torsion… L’os apparaît, noir…

Du sang, beaucoup de sang — Sulfamides pour plâtrer l’ouverture… et le malade, rajustant son calimbé, reprend la pagaie pour regagner seul son village… situé à une demi-journée de pirogue.

Quant à moi, je suis pâle. Je ne peux supporter ces opérations qu’avec de nombreuses sorties au grand air… Cœur faible ?… Ça m’exaspère. J’essaie depuis longtemps de vaincre depuis que je m’en suis aperçu, assistant à une appendicite au Brésil… C’est dur, mais on y