Page:Maufrais Aventures en Guyane 1952.djvu/32

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l’homme. Une fois lâché, une fois parti, on doit aller jusqu’au bout.

Les gens ricanent de me voir encore ici. Tous pensent que je vais renoncer et prennent des mines patelines pour s’informer de mes intentions. Partira, partira pas…

Ah ! si j’avais seulement trente mille francs pour payer canotiers et pirogue !… La saison sèche est rudement entamée, j’ai l’impression que je paierai cher ce retard, arrivé dans les grands bois.

Jeudi 22 Septembre.

Chaleur — J’avais prévu et emporté avec moi deux caissettes étanches. Je suis obligé de m’en séparer à cause du poids. J’abandonne la moitié de la pharmacie et de la verroterie destinée aux Indiens.

Dimanche 25 Septembre.

Des gens, en ville, ont dit : « Maufrais ? Bah !… un fumiste. Il restera caché dix mois aux environs de St Laurent du Maroni puis il paiera des Nègres Bosch qui le transporteront en canot jusqu’à Belem où il annoncera son exploit imaginaire. »

Si j’avais eu le bonhomme sous la main, je crois que je le massacrais. Bah ! après tout, on n’est sali que par la boue. Un ami sincère m’a dit : « Les chiens aboient, la caravane passe ».

Caravane réduite, mais les chiens sont toujours là. On m’a pris aussi pour un fou dangereux. Il vaudrait mieux, aux dires de certains, que je crêve en forêt…