Page:Maupassant - À Figaro (extrait de Gil Blas, édition du 1881-11-24).djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venu le vieux démon du Figaro qui nous a soufflé à l’oreille que, depuis longtemps, nous n’avions rien fait pour chatouiller l’épiderme de la curiosité publique… »


Oh ! qu’en termes galants ces choses-là sont dites


Que j’aime ce « vieux démon qui t’a soufflé à l’oreille !… » Et : « chatouiller l’épiderme de la curiosité publique ! »


On se sent à ces mots jusques au fond de l’âme
Couler je ne sais quoi qui fait que l’on se pâme.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Mais en comprend-on bien, comme moi, la finesse !


Et tu ajoutes, farceur… « pour donner à nos ennemis un prétexte à nous attaquer ». Parbleu ! ainsi qu’on donne aux gendarmes un prétexte à monter à cheval, comme tu l’as prévu, matois !

Arrivons au concours.

Donc tu crois que tous les écrivains connus, tous les écrivains de réputation, tous les écrivains de valoir, abdiquant toute fierté légitime, toute dignité littéraire, vont se jeter éperdument sur leur plume, confectionner un morceau quelconque de quatre à cinq cents lignes, et le faire porter incontinent rue Drouot pour être soumis au Jury d’honneur de lettres qui va siéger dans ton logis !

Or, parlons-en, du jury d’honneur.

La plus belle fille du monde (c’est connu) ne peut donner que ce qu’elle a. Le Figaro