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À FIGARO




C’est à toi, barbier, que je m’adresse.

Tu vieillis donc, raseur illustre, et tes clients te trouvent la main lourde ! Se seraient-ils plaints d’être trop rasés, ou mal rasés ? Auraient-ils menacé de quitter ta maison pour aller se faire barbifier chez le merlan voisin par des mains plus agiles et plus jeunes ? Tes antiques et solennels raseurs ont donc perdu la confiance de ce que tu appelles élégamment le « high life » ? S’il n’en est point ainsi, pourquoi cet écriteau pendu depuis trois jours devant ta porte : « On demande des apprentis qui seront payés à l’égal du patron » ?

En d’autres termes, en termes moins imagés, le Figaro demande du renfort. Voilà une nouvelle qui ne nous surprend pas, mais qui étonnera bien des gens.

Il est tout naturel, d’ailleurs, qu’un journal aussi parisien que le Figaro cherche à renouveler ses cadres : la façon dont il s’y prend est plus anormale, et le boniment destiné à engluer les rédacteurs nouveaux me paraît être un chef-d’œuvre de malice. C’est donc plein d’une admiration sincère pour ce morceau que je