Page:Maupassant - Émile Zola, 1883.djvu/20

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nous écœurent parce que nous connaissons trop les procédés de production, parce que nous sommes du bâtiment, comme on dit. Enfin nous cherchons autre chose, ou plutôt nous revenons à autre chose ; mais cet « autre chose » nous le prenons, nous le remanions, nous le complétons, nous le faisons nôtre ; et nous nous imaginons, de bonne foi parfois, l’avoir inventé.

C’est ainsi que les lettres vont de révolution en révolution, d’étape en étape, de réminiscence en réminiscence ; car rien maintenant ne peut être neuf. MM. Victor Hugo et Émile Zola n’ont rien découvert.

Ces révolutions littéraires ne se font pas toutefois sans grand bruit, car le public, accoutumé à ce qui existe, ne s’occupant de lettres que par passe-temps, peu initié aux secrets d’alcôve de l’art, indolent pour ce qui ne touche point ses intérêts immédiats, n’aime pas à être dérangé dans ses admirations établies, et redoute tout ce qui le force à un travail d’esprit autre que celui de ses affaires.

Il est d’ailleurs soutenu dans sa résistance par tout un parti de littérateurs sédentaires, l’armée de ceux qui suivent par instinct les sillons