L’ÂME ÉTRANGÈRE.
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l y avait encore peu de monde dans la salle de
jeu, parce qu’on donnait ce soir-là, pour la première
fois, au théâtre du nouveau Casino d’Aix,
une comédie d’Henry Meilhac. Autour des quatre
tables cependant une couronne d’habitués se pressait
déjà, assis et debout, hommes et femmes, enfermant
les croupiers dans le cercle ordinaire des joueurs infatigables.
Mais le reste de la grande pièce demeurait
vide, vides les longs divans accroupis au pied des
murs, les fauteuils bas dans les coins, les chaises au
cuir déjà terni. Le salon précédent aussi était désert,
et l’huissier à chaîne s’y promenait, les mains derrière
le dos, l’huissier bienveillant chargé de reconnaître
les gens douteux qui cherchent à entrer dans
ce lieu sans avoir été présentés et timbrés honnêtes
par le visa de l’administration des jeux.
Un bruit d’argent discret, mais continu, un petit bruit de source d’or, de source de louis coulant sur les quatre tapis, chantait au-dessus des voix humaines plus discrètes, plus sourdes, calmes encore.