Page:Maupassant - Œuvres posthumes, II, OC, Conard, 1910.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans parvenir à trouver le bout. A la fin, le petit père Boivin, dit Boileau, s'abattit sur un bâton qui lui déchira la figure et, sans s'émouvoir autrement, il demeura assis par terre, poussant de tout son gosier, avec une obstination d'ivrogne, des "la-i-tou" prolongés et retentissants, pendant que Patissot, éperdu, criait aux quatre points cardinaux :

- Holà, quelqu'un ! Holà, quelqu'un !

Un paysan attardé les secourut et les remit dans leur chemin.

Mais l'approche de la maison Boivin épouvantait Patissot. Enfin, on parvint à la porte, qui s'ouvrit brusquement devant eux, et, pareille aux antiques furies, Mme Boivin parut, une chandelle à la main. Dès qu'elle aperçut son mari, elle s'élança vers Patissot en vociférant :

- Ah ! canaille ! je savais bien que vous alliez le soûler.

Le pauvre bonhomme eut une peur folle, lâcha son ami qui s'écroula dans la boue huileuse de la ruelle, et s'enfuit à toutes jambes jusqu'à la gare.