Page:Maupassant - Art et Artifices, paru dans Le Gaulois, 4 avril 1881.djvu/8

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— On fait ce qu’on peut, mon président.

Le haut personnage reprit :

— Vous n’engagez jamais les grands artistes ! vous n’avez que des rogatons ! Vous ne jouez jamais de jeunes, non jamais, monsieur. Expliquez-vous ?

Cette fois, le prévenu pleurait tout à fait.

— Mon président, dit-il, j’peux pas, l’bâtiment me ruine. C’t Académie, voyez-vous, c’est ma perte. L’entretien mange tout, subvention et bénéfices, tout. Je paie un frotteur vingt mille francs. Alors, qu’est-ce que je fais, mon président ? Je prends des artistes à tout faire, comme les bonnes dans les ménages pauvres. Je choisis des ténors qui ont été valets de pied, des barytons qui ont débuté palefreniers, des chanteuses qui ont commencé femmes de chambre ; des fils et des filles de concierge autant que possible à cause de l’escalier ; ils l’entretiennent. Et, comme ça, je peux les employer toute