Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

outre qu’ils m’emplissaient de méfiance sur mon équilibre, me jetaient brusquement dans l’estomac l’énorme piton de ma selle arabe. Le lieutenant, mon compagnon, riait de tout son coeur. Soudain ma bête fit un bond et se mit à regarder par terre quelque chose que je ne voyais point, en refusant obstinément d’avancer. Prévoyant une catastrophe, je préférai descendre, et je cherchai la cause de cet effroi. J’avais devant moi une maigre touffe d’alfa. je la frappai, à tout hasard, d’un coup de bâton ; et soudain, un petit reptile s’enfuit qui disparut dans la plante voisine.

C’était une léfaa.

Le soir de ce même jour, dans une plaine rocheuse et nue, mon cheval fit un nouvel écart. je sautai à terre, persuadé que j’allais trouver une autre léfaa. Mais je ne vis rien. Puis, en remuant une pierre, une haute araignée, blonde comme le sable, svelte, singulièrement rapide, s’enfuit et disparut sous un roc avant que je pusse l’atteindre. Un spahi qui m’avait rejoint la nomma "un scorpion du vent", terme imagé pour exprimer sa vélocité. C’était, je crois, une tarentule.

Une nuit encore, pendant mon sommeil, quelque chose de glacé me toucha la figure.