grosse comme celle d’un tramway. Elle semble parfois exténuée, râle, geint ou rage, va si doucement qu’on la suivrait au pas, et, tout à coup elle repart avec furie.
Toute la contrée est aride et désolée. Le roi d’Afrique, le soleil, le grand et féroce ravageur a mangé la chair de ces vallons, ne laissant que la pierre et une poussière rouge où rien ne pourrait germer.
Saïda ! c’est une petite ville à la française qui ne semble habitée que par des généraux. Ils sont au moins dix ou douze et paraissent toujours en conciliabule. On a envie de leur crier : « Où est aujourd’hui Bou-Amama, mon général ? » La population civile n’a pour l’uniforme aucun respect.
L’auberge du lieu laisse tout à désirer. Je me couche sur une paillasse dans une chambre blanchie à la chaux. La chaleur est intolérable. Je ferme les yeux pour dormir. Hélas !
Ma fenêtre est ouverte, donnant sur une petite cour. J’entends aboyer des chiens. Ils sont loin, très loin, et jappent par saccades comme s’ils se répondaient.
Mais bientôt ils approchent, ils viennent ; ils sont là maintenant contre les maisons, dans les vignes, dans les rues. Ils sont là, cinq cents,