Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/56

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ne se déplace pas sans qu'on puisse en être informé. La masse des bagages ralentit fatalement les mouvements et indique toujours la route suivie. Un parti arabe, au contraire, ne laisse pas plus de marques de son passage qu'un vol d'oiseaux. Ces cavaliers errants vont et viennent autour de nous avec une célérité et des crochets d'hirondelles.

Quand ils attaquent, on les peut vaincre, et presque toujours on les bat malgré leur courage. Mais on ne peut guère les poursuivre; on ne peut jamais les atteindre quand ils fuient. Aussi évitent-ils avec soin les rencontres, et se contentent-ils en général de harceler nos troupes. Ils chargent avec impétuosité, au galop furieux de leurs maigres chevaux, arrivant comme une tempête de linge flottant et de poussière.

Ils déchargent, tout en galopant, leurs longs fusils damasquinés, puis, soudain, décrivant une courbe brusque, S'éloignent ainsi qu'ils étaient venus, ventre à terre, laissant sur le sol derrière eux, de place en place, un paquet blanc qui s'agite, tombé là comme un oiseau blessé qui aurait du sang sur ses plumes.