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Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/68

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doux à voir, des cascades, sur cette terre d’Afrique ! On monte, longtemps, longtemps. La gorge est moins profonde, moins boisée. On monte encore, la montagne se dénude peu à peu. Ce sont des champs à présent ; et, quand on parvient au faîte, on rencontre des chênes, des saules, des ormeaux, les arbres de nos pays. On couche à Médéah, blanche petite ville toute pareille à une sous-préfecture de France.

C’est après Médéah que recommencent les féroces ravages du soleil. On franchit une forêt pourtant, mais une forêt maigre, pelée, montrant partout la peau brûlante de la terre bientôt vaincue. Puis plus rien de vivant autour de nous.

Sur ma gauche un vallon s’ouvre, aride et rouge, sans une herbe ; il s’étend au loin, pareil à une cuve de sable. Mais soudain une grande ombre, lentement, le traverse, Elle passe d’un bout à l’autre, tache fuyante qui glisse sur le sol nu. Elle est, cette ombre, la vraie, la seule habitante de ce lieu morne et mort. Elle semble y régner, comme un génie mystérieux et funeste.

Je lève les yeux et je l’aperçois qui s’en va, les ailes étendues, immobiles, le grand dépe-