Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/101

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Vous allez leur prendre une conversation.

Puis, se tournant vers Saint-Potin :

— N’oublie point les principaux points que je t’ai indiqués. Demande au général et au rajah leur opinion sur les menées de l’Angleterre dans l’Extrême-Orient, leurs idées sur son système de colonisation et de domination, leurs espérances relatives à l’intervention de l’Europe, et de la France en particulier, dans leurs affaires.

Il se tut, puis il ajouta, parlant à la cantonade :

— Il sera on ne peut plus intéressant pour nos lecteurs de savoir en même temps ce qu’on pense en Chine et dans les Indes sur ces questions, qui passionnent si fort l’opinion publique en ce moment.

Il ajouta, pour Duroy :

— Observe comment Saint-Potin s’y prendra, c’est un excellent reporter, et tâche d’apprendre les ficelles pour vider un homme en cinq minutes.

Puis il recommença à écrire avec gravité, avec l’intention évidente de bien établir les distances, de bien mettre à sa place son ancien camarade et nouveau confrère.

Dès qu’ils eurent franchi la porte, Saint-Potin se mit à rire et dit à Duroy :

— En voilà un faiseur ! Il nous la fait à