Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/108

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— Dites-lui que c’est moi, pour une affaire pressante.

Après cinq minutes d’attente, on le fit entrer dans le cabinet où il avait passé une si bonne matinée.

À la place occupée par lui, Forestier maintenant était assis et écrivait, en robe de chambre, les pieds dans ses pantoufles, la tête couverte d’une petite toque anglaise ; tandis que sa femme, enveloppée du même peignoir blanc, et accoudée à la cheminée, dictait, une cigarette à la bouche.

Duroy, s’arrêtant sur le seuil, murmura :

— Je vous demande bien pardon ; je vous dérange ?

Et son ami, ayant tourné la tête, une tête furieuse, grogna :

— Qu’est-ce que tu veux encore ? Dépêche-toi, nous sommes pressés.

L’autre, interdit, balbutiait :

— Non, ce n’est rien, pardon.

Mais Forestier, se fâchant :

— Allons, sacrebleu ! ne perds pas de temps ; tu n’as pourtant pas forcé ma porte pour le plaisir de nous dire bonjour.

Alors Duroy, fort troublé, se décida :

— Non… voilà… c’est que… je n’arrive pas encore à faire mon article… et tu as été… vous avez été si… si… si gentils la dernière