Page:Maupassant - Bel-Ami, OC, Conard, 1910.djvu/184

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perai. » Une pensée rapide lui traversa l’esprit, et il ajouta : « Je te vas faire cocu, mon vieux. » Et il s’en alla en se frottant les mains, réjoui par ce projet.

Il voulut, dès le jour suivant, en commencer l’exécution. Il fit à Mme Forestier une visite en éclaireur.

Il la trouva qui lisait un livre, étendue tout au long sur un canapé.

Elle lui tendit la main, sans bouger, tournant seulement la tête, et elle dit :

— Bonjour, Bel-Ami !

Il eut la sensation d’un soufflet reçu :

— Pourquoi m’appelez-vous ainsi ?

Elle répondit en souriant :

— J’ai vu Mme de Marelle l’autre semaine, et j’ai su comment on vous avait baptisé chez elle.

Il se rassura devant l’air aimable de la jeune femme. Comment aurait-il pu craindre, d’ailleurs ?

Elle reprit :

— Vous la gâtez ! Quant à moi, on me vient voir quand on y pense, les trente-six du mois, ou peu s’en faut ?

Il s’était assis près d’elle et il la regardait avec une curiosité nouvelle, une curiosité d’amateur qui bibelote. Elle était charmante, blonde d’un blond tendre et chaud, faite pour